Mon corps, source d’intelligence profonde

La musique démarre. Je suis immobile au centre de cette immense salle de danse. Petit à petit, mon corps se détend. Petit à petit, je ressens. Je ressens les vibrations qui me parcourent. Mon corps se met à bouger, lentement, instinctivement. Ce n’est plus lui qui danse soudainement mais tout mon être, transporté par la musique, par le rythme, par le son et les vibrations. Le rythme s’accélère, de plus en plus, un tournoiement, j’en perds l’équilibre. Je me retrouve propulsée sur le sol, le cœur battant, transpirante, haletante et par-dessus tout, tellement vivante.

Mon corps a été passablement meurtri ces dernières années. Après trop de souffrances, j’ai pris la décision de me le réapproprier. En reprenant le sport, en étant indulgente avec moi, tolérante et douce. En posant un regard aimant sur lui. Je me suis mise à la danse, la danse libre et instinctive. J’y ai redécouvert mon corps, sa manière de se mouvoir dans l’espace, un lien à moi, un terrain d’expression merveilleux.

La relation que nous avons avec notre corps n’est pas aussi simple que ce que nous pouvons croire. Ce lien, si évident et essentiel, est souvent maintenu à un second plan, en dépit de son importance. Bien souvent, la relation que nous entretenons avec lui est instrumentale ou fonctionnelle.
Instrumentale, car nous le considérons comme un moyen pour générer un certain impact chez les autres ; nous prenons soin de nous pour plaire ou pour attirer. Parfois, à contrario, nous évitons le regard des autres ou nous nous négligeons à cause d’une mauvaise image de nous.
Fonctionnelle, car nous ne nous souvenons de lui que lorsque l’on ressent une douleur ou que l’on tombe malade. Tant qu’il est en bonne santé, nous oublions qu’il s’agit d’un organisme en activité constante et que tout ce que l’on fait, ressent et pense a biologiquement lieu au fond de lui !

Notre « patron » n’est pas notre tête. Nous pensons qu’il nous faut en priorité analyser, comprendre, rationnaliser, décider sur des bases réfléchies et bien pensées. Et bien, nous avons tort. La priorité, c’est notre corps ! Ce corps que nous négligeons, ce corps qui doit être conforme, conforme à ce que l’on attend de lui, conforme en terme de poids, en terme d’image… ce corps qui doit être performant, ne surtout pas vieillir ni tomber malade.

Réalisons que notre corps est une source d’une intelligence profonde, capable de nous guider dans notre vie. C’est grâce à lui que l’on ressent. Si quelque chose ne va pas avec votre enfant, est-ce que vous le sentez ou est-ce votre tête qui l’a analysé ? Vous le sentez, le ressentez !

D’ailleurs, en cet instant :
Que ressentez-vous dans votre corps ? Que vous dit-il ? De quoi a-t-il besoin ?

Nous ne nous posons que très rarement ces questions. Définitivement trop connectés à notre tête, nous vivons trop souvent à quelques centimètres de notre corps, coupé de lui, coupé de nos ressentis.

Selon les derniers chiffres, 70% d’entre nous ont une relation compliquée avec leur corps. 2/3 sont des femmes. Dans mon quotidien et principalement dans les stages de féminin sacré que je co-anime, je constate qu’être dans le corps d’une femme n’est pas chose facile. Le corps a été beaucoup objectifié. Il a aussi été victime de nombreux abus : 22% de femmes de plus de 16 ans ont subi des actes sexuels non consentis et 15% de jeunes femmes ont été agressées pendant leur minorité. Dans ces cas-là, le corps devient synonyme de danger.

Outre ces traumas subis, dans notre quotidien aussi, nous ne nous respectons pas suffisamment. En centrant par exemple notre attention bien trop souvent sur l’extérieur.

Nous avons appris comment servir les autres. Servir nos enfants, notre famille, notre patron. Nous savons remarquer les qualités… celles des autres surtout ! Être bienveillant… avec eux, leur prêter une oreille attentive. Nous nous montrons tolérants, pardonnant quand il faut. Nous les comprenons, nous faisons preuve d’empathie et nous mettons à leur place. Nous leur trouvons des solutions, jouons au sauveur. A force d’être centrés sur l’extérieur, nous nous sommes coupés de notre ressenti ! Nous avons perdu de vue qui nous sommes et ce qui est important pour nous.

Connaissons-nous nos envies profondes ? Ce qui nous fait rêver ?

Pour le découvrir, il nous appartient de plonger en nous, de faire la paix avec notre corps, de nous reconnecter à nos sensations.

Comment faire ? La reconnexion au corps peut passer par des exercices de respiration, des massages, des balades en nature et des activités qui nous demandent de nous concentrer sur nos ressentis. Yoga, danse, activités et sportives, qi gong… sont autant de portes d’entrée vers nos sens, vers notre corps.

Revenir au corps, c’est aussi tout simplement écouter les battements de son cœur, être conscient de sa posture, se demander quotidiennement en pleine conscience ce que l’on ressent avec nos 5 sens. S’offrir un espace pour soi, un espace pour atterrir en soi. Atterrir en soi… quelle magnifique perspective !

En tant que Coach & Thérapeute, j’observe, notamment dans ma formation en cours de Medical Coach, que le rapport au corps devient encore plus complexe lorsqu’on pense que celui-ci nous abandonne, lorsque l’on se sent trahit par lui. L’on en vient parfois à le considérer comme un territoire de combat, comme un champ de bataille. Cancer, burnout et autres maladies physiques ou psychiques viennent nous heurter et nous faire perdre davantage le lien avec notre corps… sauf quand la maladie est perçue comme une opportunité de reprendre contact avec lui, avec l’essence de qui nous sommes, lorsqu’elle nous permet de nous ‘réapprivoiser’, de faire la paix en soi.

Et si nous étions aussi tolérants avec nous qu’avec les autres ?
Et si nous nous écoutions et nous pardonnions autant que nous le faisons avec autrui ?
Et si nous nous autorisions à rayonner qui nous sommes ?

Alors… oublions pour quelques instants notre mental. Oublions l’impact des modes. Oublions notre volonté de perfection, de dépassement du corps. Notre corps est le plus puissant GPS intérieur que nous ayons !

Autorisons-nous à ressentir, à écouter ce qu’il nous murmure, à nous laisser guider par lui. Mettons nous en mouvement, bougeons, dansons, ressentons en nous le vivant ☆

 

Photo : Ludovic Florent – Poussière d’étoiles