Eclosion…

Eclore : s’ouvrir, fleurir, s’épanouir… sortir de son œuf.

Chacun de nous fut un enfant, plus ou moins libre, plus ou moins heureux, virevoltant au gré des mouvements des adultes qui nous ont entourés.

Mon enfance fut joyeuse. J’en garde essentiellement des souvenirs à l’extérieur. Bébé, mon père déposait mon couffin dans son tracteur à l’assaut des champs à semer et récolter. Enfant je courrais au milieu du foin, des vaches et des flaques. Adolescente, j’ai découvert la réalité extérieure à mon clan et elle n’a pas été très douce… beaucoup d’écorchures au contact de certains êtres adorant arracher les ailes des êtres vivants.

En 2000, opérée à 20 ans, j’ai rapidement compris que la vie pouvait s’arrêter à tout moment, que la tombe n’était parfois pas au bout du chemin et que les personnes qui étaient vraiment là pour vous se comptent sur les doigts d’une main.

En emploi à 19 ans, mariée à 22 ans, j’ai très vite sauté dans la vie adulte en la croquant à pleines dents. Mais plus les années passaient, et plus je me fanais, plus je m’éteignais, me consumant à petit feu.

Ce n’est que très récemment, allant d’analyses en fouilles archéologiques internes, que j’ai découvert l’origine de blessures que je ne soupçonnais pas et qui prennent racine au berceau, voire même en amont de qui je suis, dans ma généalogie.

Un jour on se réveille et notre bulle de verre explose. L’inconscient refait surface, vient déverser tous ces résidus peu enchanteurs sur le bord du rivage et vous vous retrouvez avec tous ces traumas plus ou moins grands, les bras ballants.

J’ai alors pris ma pelle et ma pioche et commencé à déblayer ce chantier, à traiter les éléments un à un, à nettoyer tout ce qui avait besoin de l’être.

L’enfant joyeuse et lumineuse que je suis s’est soudainement sentie envahie d’une vague de tristesse titanique. Puis est arrivée la colère. Elle sortait par tous mes pores, l’impression de me consumer, de brûler de l’intérieur. Avec elle l’enfermement : que plus personne ne m’approche, ne me touche.

 

La responsabilité…

« On peut blâmer son enfance, accuser indéfiniment ses parents de tous les maux qui nous accablent, les rendre coupables des épreuves de la vie, de nos faiblesses, de nos lâchetés, mais finalement, on est responsable de sa propre existence, on devient qui on a décidé d’être »

Chacun de nous a la possibilité de devenir l’archéologue de ses fondations intérieures : chercher jusqu’à tomber sur le premier squelette. Ne pas fuir devant lui car oui, trop souvent nous partons en courant à la première occasion de libération intérieure, savant processus psychologique d’auto sabotage nous laissant dans notre confort inconfortable, nous évitant de remettre en question l’ordre établi.
Si on y parvient, ramener le squelette à la lumière afin qu’il se dissolve car telle est la qualité intrinsèque de la lumière.

Avoir le courage de placer le squelette sur l’autel de son cœur, le courage de regarder à l’intérieur, de poser nos masques. Oui… le travail intérieur est long et demande de la force et beaucoup de courage…

Aujourd’hui et après de longues années de cheminement, je ne me sens plus dans la survie, ni dans l’existence, mais dans la vie, pleinement vivante, consciente de mes cicatrices et du chemin restant à parcourir.

Soyez acteurs de vos vies ! N’ayez pas peur de découvrir qui vous êtes vraiment, de rayonner votre lumière, d’éclore franchement. Devenez les architectes conscients de vos vies, les jardiniers conscients de votre âme. Nourrissez la joie et l’amour sans avoir peur de plonger en vous pour explorer vos bas-fonds. Ne pas avoir peur de l’ombre, sauter dedans les pieds joints tout en ne cessant jamais de s’aimer inconditionnellement.

Personnellement, je saute dans mes ombres avec, aux pieds… mes bottes en plastique rose à étoiles…

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Au vivant qui ne peut l’être vraiment que si nous osons aller regarder véritablement en nous.
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