L’art de la résilience – Transformez vos blessures en or…

L’art du Kintsugi est une puissante métaphore de la résilience. En joignant les morceaux brisés d’un objet et en recouvrant ses fissures d’or, ses cicatrices montrent le chemin parcouru.

Le Kintsugi illustre que l’on peut survivre à ses blessures, que l’on peut les sublimer, et qu’elles nous aident à nous construire, que l’on peut renaître d’elles.

Un jour d’hiver, j’ai peint ma souffrance. J’ai peint mon cœur arraché, lacéré. J’ai peint le sang. Ce jour-là, la merveilleuse amie-artiste abritant dans son antre l’expression de ma créativité s’est approchée et, comme à la fin de chacune de mes peintures, m’a fait part de ce qu’elle ressentait : une peau de grand brûlé, hurlante de douleur.

Son ressenti ne m’a pas quitté des jours durant jusqu’à ce qu’un matin, je pousse la porte de cette pharmacie pour acheter de l’onguent et des compresses humides. Matin et soir, pendant près de 3 semaines, j’ai mis cet onguent sur mon cœur, je me suis appliquée à le chérir, à ramener en lui la douceur, l’amour, la paix et le calme. Chaque soir, enfouie dans mes draps, je ressentais la présence des compresses qui protégeaient mon cœur.

Et puis le temps a passé, la douleur a un jour arrêté de hurler. Elle s’est apaisée.

On m’a dit une fois que tout ce qui pouvait être perfectible devait être amélioré et que les cicatrices faisaient partie de ces éléments perfectibles, qu’elles devaient donc au maximum être effacées.

Et bien, je ne suis absolument pas d’accord ! J’aurai aimé à l’époque avoir la force d’hurler mon désaccord. J’aime profondément mes cicatrices. Elles font partie de mon histoire… celle du jour où, enfant, mon doigt s’est retrouvé broyé sous ce hache-paille. Celle de cet après-midi d’été où j’ai fini assommée flottant inanimée dans cette piscine. Celles de l’extraction de ma vésicule biliaire remplie de calculs de colère qui ne demandaient qu’à s’exprimer… Et par-dessus-tout, celle par laquelle tout a commencé : cette cicatrice de 30cm que j’ai tant détestée et repoussée et qui est le symbole d’années de douleurs mais aussi le symbole de la résistance, de l’endurance, de la résilience, de l’acceptation, celle qui représente ma conscientisation de la mort, la peur, la solitude, l’origine de ma prise de conscience, à 18 ans, que, dans la vie, nous sommes seuls, seuls aussi face à la mort, que peu nombreuses sont les personnes qui viendront pleurer sur notre tombe, probablement pas en tout cas le boss de cette boîte dans laquelle nous nous donnons sans compter en oubliant notre essentiel, en oubliant le sens, en nous oubliant nous.

Aujourd’hui, j’embrasse mes cicatrices, j’en saisi toute la beauté. Elles font partie de moi, de mon identité. Elles font de moi qui je suis.

Aujourd’hui, j’accepte mes imperfections et je remercie mes expériences de vie y compris les plus douloureuses qui m’ont tant appris.

Aujourd’hui, je sais que j’ai la force de surmonter la souffrance, de me reconstruire, de rebâtir mes fondations.

Aujourd’hui, je choisis de sublimer mes blessures, de déposer délicatement de la poudre d’or sur mes fêlures, de m’honorer et de m’aimer pleinement.

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A tous, un très beau moins de novembre dans la célébration de qui vous êtes & de ce qui vous rend unique en ce monde.